Savoir mesurer les expériences de l'équipe éducative dans un centre d'action éducative résidentielle est l'un des dilemmes qui m'ont accompagné tout au long de mon parcours professionnel d'éducateur social. L'un des investissements dont disposent les administrations publiques et/ou les institutions privées sont leurs équipes éducatives, celles-ci sont malheureusement difficiles à maintenir en raison de leur taux de rotation élevé, la permanence est un facteur de qualité, ce sont les expériences.
Les équipes qualité recherchent des méthodologies, des stratégies et des processus dans le but de créer des équipes pédagogiques plus efficaces et décisives. La manière la plus courante de réaliser cette recherche est de prendre des expériences dans un endroit de meilleure qualité pour les mettre en œuvre dans un autre endroit de moindre qualité. Un travail coûteux car il nécessite des changements structurels dans la façon de travailler des équipes, avec en plus une rotation chronique des équipes.
Malgré les efforts des politiques de qualité pour standardiser ce qu'il faut faire à tout moment, les besoins socio-éducatifs ont rarement été soumis aux principes de qualité. La réalité vertigineuse de l’évolution des besoins socio-éducatifs rend complexe et coûteuse une réponse standardisée car lorsqu’elle arrive, elle n’est plus celle souhaitée. C'est comme vouloir courir après un train, mesurer ses performances et son efficacité à chaque kilomètre, en ignorant qu'à chaque kilomètre on s'éloigne du besoin.
Les expériences, comme les réalités avec lesquelles travaillent les équipes éducatives, ne doivent pas être normalisées dans leur intégralité, même si elles réussissent. Les particularités de chaque poste, équipe éducative et population desservie doivent être respectées et prises en compte comme un élément de qualité. Ces politiques doivent valoriser leurs équipes éducatives, leur donner de l'autonomie, sinon, à chaque rotation, se perdra un patrimoine d'expériences qui ne sont rien d'autre qu'une manière unique et adaptative de répondre aux besoins éducatifs en temps réel.
Nous devons donc éviter de rester ancrés dans de prétendues certitudes en matière de travail socio-éducatif et ne pas courir le risque de cesser d’être là où l’on a besoin de nous. Je comprends que dans le travail socio-éducatif dans un centre résidentiel d'action éducative, des dissonances, des oppositions et des résistances peuvent surgir envers ce que chacun peut croire ou percevoir comme plus sensé pour l'autre. C’est pourquoi il est nécessaire d’en tenir compte lors de la mesure des expériences des équipes éducatives, afin d’éviter qu’une tâche d’amélioration ne devienne un outil de pouvoir.
« Nous, les enfants et adolescents de la résidence, savons que les éducateurs sont là pour nous donner du sens à nos mal-êtres, ils savent que nous avons besoin de leur présence pour nous soulager de notre désolation.
Mais tout le monde ne sait pas comment nous accompagner, il y a des éducateurs qui ne savent pas tendre la main, ils suivent à la lettre un travail prescrit, ils ne peuvent pas entrevoir comment les portes se ferment à chacun de notre respect de ce qui est correct et pertinent, non Cela nous laisse en dehors de tout.
Mais il y a aussi des éducateurs qui, malgré les portes fermées, ne font rien pour les ouvrir, ils ne savent pas où aller, notre présence les refroidit, ils cherchent et ne comprennent pas les distances, peut-être ont-ils besoin de nos paroles, de nos gestes et de nos mains. pour donner ce qui nous manque."
Antonio Argüelles, Barcelone.
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