"Je ne comprends pas, tout l'après-midi a été très bon et une fois que nous sommes revenus, tout a été un conflit après l'autre."
En tant qu'éducateurs, nous péchons pour remplir les temps, en programmant ce qui est déjà programmé, en occupant les temps. Ce sont des ressources éducatives pour échapper aux réalités, pour s'échapper et pour nier l'évidence.
Les mineurs vivent leur routine en niant leurs réalités, et nous l'encourageons avec nos horaires. Cela semble être une contradiction, mais éduquer sans laisser d'espace de réflexion, c'est comme montrer ce qu'on vaut sans connaître le lieu d'où l'on part.
Les moments inoccupés sont des moments difficiles, on ne veut pas se voir et encore moins se connaître. Lorsque nous occupons avec notre programmation les temps, nous montrons une réalité qui est loin de la leur et nous leur montrons une barre inaccessible.
Il faut laisser des moments inoccupés pour se connaître, c'est un travail difficile car cela demande une présence différente. L'éducateur ne dirige pas mais montre le mineur comme un miroir qui nie et l'aide à se comprendre de sa réalité parce qu'il peut la partager.
Donner de la lumière aux réalités ne peut se faire qu'en période d'inactivité, nous ne cessons pas de nous remplir mais de prendre soin.
Antonio Argüelles
