Normalité.

Le concept de « normalité » peut avoir de graves conséquences. Imaginez qu’une fléchette symbolique soit imprégnée de préjugés et qu’elle atteigne directement la cible, celle de la difficulté d’expérimenter au-delà de soi-même. Un réflexe d’incapacité à se libérer de sa captivité apparaîtrait alors.

On pense généralement que la connaissance est le moyen qui nous permet de sortir de nous-mêmes, mais si cela n’est pas reconnu, nous resterons liés à notre parole. Il faut donc sortir à la rencontre de l'incertitude, avec elle nous pourrons découvrir ces yeux inquiets.

“L'équipe a du mal à me comprendre ; elle passe son temps à essayer de me décoder, comme si j'étais un cobaye. Elle enregistre mes moindres faits et gestes, mon attitude, mes relations, et se retrouve ainsi embourbée dans un champ d'incertitudes.

Je reconnais que je suis une étude de cas, je fais partie des comparaisons, beaucoup d'entre elles en dehors de leur environnement professionnel, l'équipe est jeune, leurs plus grandes comparaisons sont personnelles. Le but est que je sois heureux dans la résidence, et pour y parvenir, ils doivent me ramener à leur normalité.

Une normalité qui ne permet pas à une mère confiante dans ses inquiétudes, ses désirs enfouis et ses demandes angoissées d'être soutenue et comprise par sa fille. Une normalité qui m’a été imposée depuis que je suis éveillé, qui m’accable et me submerge jour après jour.

Une normalité qui ne permet pas la négligence d'un père envers sa fille, toujours absente de mes demandes d'affection. Quand les autres reçoivent de l’affection, je ressens une vive douleur dans mon âme. J'ai besoin de crier fort pour me soulager, mais ma voix est muette, toujours muette.

Une normalité, la mienne, qui s'est habituée à l'incompréhension, à se laisser porter, le destin a cessé d'être un objectif. Leurs préoccupations sont ma différence, je vois au-delà de moi-même, mais cela ne provoque aucune valeur ni reconnaissance dans leurs normalités. »

Antonio Argüelles, Barcelone.