C'est dévastateur de vivre avec la douleur d'un enfant, on fait de son mieux pour l'atténuer, on a besoin de le réconforter et quand on le fait, il sait qu'il n'est pas seul, qu'il y a quelqu'un à ses côtés capable de ressentir comme il le fait. Mais lorsqu'un enfant se sent négligé, ignoré de son aide, il cherche à l'intérieur un lieu d'obscurité où il peut laisser sa douleur, il sait que sa seule protection est une vigilance perpétuelle et le soin de ses blessures. La recherche de la solitude est la réponse à la panique du rejet, elle est un lieu de méfiance dans les réponses d'affection, un mur de briques soutenu par le malheur vécu et la perte des rêves.
"Aujourd'hui ma tutrice vient, elle vient parler à mon professeur, ça ne s'annonce pas bien, j'avoue que je suis très économe avec eux, bien avec tout le monde. Ils diront que je suis une fille réservée, peu communicative, revêche et insaisissable et ils voudront savoir quoi faire. Son désir est de me rendre affable, affectueux, communicatif et proche, tout le contraire de ce que je suis. Ils veulent sûrement me diagnostiquer un trouble qui nécessite une thérapie. Ils ne comprennent pas que j'ai appris, que cette méfiance vient de loin, je ne veux plus me faire de mal, ça fait mal, j'en ai assez, laissez-les faire ce qu'ils veulent, j'ai un mur infranchissable."
Antonio Arguelles, Barcelone.
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