Si mon lieu cesse dâĂȘtre ressenti, ma vie perd son sens.
- Antonio Miradas del Alma
- 26 may
- 2 Min. de lectura
La tragĂ©die grecque de Socrate nous montre comment Ćdipe est aveuglĂ© lorsqu'il dĂ©couvre la vĂ©ritĂ© de son destin ; il ne peut pas voir au-delĂ de son amertume un acte expiatoire pour sa culpabilitĂ©. Le sentiment dâun adolescent tourmentĂ© est une expĂ©rience courante dans ma rĂ©sidence ; les dĂ©sirs autodestructeurs qu'ils manifestent, leurs pulsions les plus vitales, sont aussi une dĂ©fense contre la folie. Les marges de protection chez les adolescents sont explicites et limitĂ©es. Lorsque ces droits sont violĂ©s, le manque de protection embrasse les Ăąmes dĂ©solĂ©es avec une force titanesque. Ce sont des Ăąmes expiatoires qui embrassent un destin tragique, conscientes de leur malheur.
« Cela fait un an que jâai perdu le compte de mes modĂšles. Il sâagit dâune multitude dâĂ©ducateurs qui se prĂ©sentent par un bonjour puis, peu aprĂšs, disent au revoir par un « au revoir ». J'ai un pĂšre, euhâŠ, une mĂšre, euhâŠ, mieux vaut ne rien dire. Au final je suis toujours seul, trĂšs seul.
Je me sens coupable de mon destin, je le déteste à mort, je ne désire rien, j'ai laissé ça derriÚre moi, maintenant je vais simplement avec le courant. Dans la rue, j'ai rencontré des collÚgues comme moi qui en avaient marre de leur vie, et il y a toujours un sauveur, quelqu'un qui vous donne tout en échange de rien.
C'est un mensonge, rien n'est gratuit, mais je m'en fiche, ma vie a perdu son sens et tout est permis, je veux rester dans mon nuage, j'en ai de plus en plus besoin. Ce n'est pas gratuit, mais je ne peux plus le quitter.
Une fois, ils m'ont attrapé, j'étais défoncé, vraiment défoncé. Ils m'ont ramené à la résidence, et quelques jours plus tard, je suis retourné vers mon sauveur et mon nuage de destruction. Je me fiche de ma vie, elle n'a plus de sens, maintenant je vis simplement. »
Antonio ArgĂŒelles, Barcelone.